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 à propos 

« Nous sommes nés pour être heureux. Notre sort naturel est l’équilibre, l’harmonie, car si nous étions ce que nous devrions être, l’univers tout entier se reflèterait en chacun de nous comme un chant splendide, joyeux, triomphant. Et la terre nous parlerait de son langage plein de sagesse, nous guiderait à travers la vie. Et le ciel serait pour nous une continuelle et tendre caresse, et sa pluie nous serait un bien et sa lumière une instruction. Et de loin, des quatre points de l’horizon, les vents nous apporteraient le souffle nécessaire qui ranime, qui fortifie, qui vivifie. Et la grande mer bleue, ou verte, ou mauve, n’aurait plus de mystère pour nous et sa vague furieuse ne nous serait pas une épouvante - si nous étions ce que nous sommes destinés à être : des hommes et des femmes normaux.

Mais il y a dans le monde quelque chose qui nous empêche d’être normaux. Il y a dans le monde une force qui s’obstine à entraver la vie, et le chant de l’univers, à cause de cela, comporte des dissonances qui sèment la douleur, la fausseté, la cruauté.

Il y a une vaste méchanceté répandue dans le monde. Elle empêche les hommes d’être des hommes et les femmes d’être des femmes. Et les enfants eux-mêmes ne peuvent pas être enfants, naïfs, frais, joyeux, à cause de cette méchanceté qui hurle à travers les êtres comme un inconsolable désespoir. Les noms les plus divers ont été donnés à cette force méchante, car de tout temps on a cherché à la paralyser. On l’appela Satan, on en fit le Diable, on dit que c’était l’esprit-du-mal, l’esprit-de-la-destruction, que sais-je encore !... Tous ces noms n’avaient rien de réel, et c’est pourquoi jamais l’Ennemi ne fut dompté. Car voici ce qui est positif quoique bizarre : il suffirait de découvrir le vrai nom (la correspondance essentielle) de la méchanceté pour la localiser et la faire disparaître de ce fait. C’est un mystère, parce qu’il est difficile d’expliquer en termes vulgaires la vie et l’essence des noms, mais c’est vrai que si l’on savait prononcer, c’est-à-dire accomplir, le rite symbolisant l’Entrave-Suprême, toute sa force maléfique serait paralysée. Mieux encore : elle n’existerait plus.

Maria de Naglowska

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« Les Croûtes sont à l’Art ce que la Mie est au Pain »

NTTH
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